Exposition photos à la mairie de Trélazé

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Les photographes Reg’Art du club de Trélazé s’invitent dans la vie quotidienne des Trélazéens, à travers leurs associations, leurs cultures, leurs sports et leurs différentes activités.

L’expo InstanT’rélazéens, à découvrir à la Mairie de Trélazé du 11 au 25 mars 2016

Trélazé vu de l’extérieur

Autant l’avouer dès le départ, je ne connais pas vraiment Trélazé. Je n’en suis pas originaire, je n’y vis pas et je n’y vais pas si souvent que cela. Je n’en ai qu’un point de vue extérieur…
Que retient-on de Trélazé depuis l’extérieur ? Quelles représentations peut-on en avoir ?

Quand je suis arrivé dans la région, je n’ai pas mis trop de temps avant d’en entendre parler. Et ce n’est certainement pas un hasard. Trélazé, déjà, avec son drôle de nom, ça attire l’attention… On nous dit que ça vient du latin Trelaxiacus. Bon d’accord… Mais quoi ? Ben rien de plus… Personne ne s’aventure à en donner la signification. Un nom propre ? Peut-être… Mais si c’est le cas, ça n’apporte pas grande chose. Cela ne nous dit rien sur les Trélazéens et les Trélazéennes sinon qu’on les nomme à partir d’un mot mystérieux. Les Trélazéens et les Trélazéennes seraient gens mystérieux ? Peut-être, après tout, quand ils puisent leur histoire des profondeurs de la terre afin de l’écrire sur de l’ardoise. Qu’y ont-ils appris ? Quel pacte secret ont-ils passé avec quelque dieu chtonien ?
Si j’en parle au Trélazéen que je connais, il me regardera perplexe avec l’air moqueur que je lui connais et il me dira que, de la terre, ils n’en auront tiré que la misère. Mais son œil malicieux, je le connais bien…

Trélazé : un drôle de nom quand même. Il a un côté exotique. Presque bretonnant, je suis sûr que certaines personnes ont imaginé que c’est un nom rapporté, dû aux Bretons installés dans la commune. Parce que, tout de même, quand on parle de Trélazé, c’est bien évidemment pour évoquer les ardoisières en premier lieu, les allumettes en deuxième et les vagues successives d’ouvriers venus pour y travailler ensuite : des Bretons, des Portugais, des Maghrébins, des Turcs…
Le Trélazéen, qui me parle un verre à la main, n’a pas l’air d’un métèque. Sa famille paraît bien implantée, au moins depuis plusieurs générations. Mais je le soupçonne de bien aimer Le métèque, et peut-être d’en fredonner l’air.

Dans ma perception, Trélazé, c’est la commune d’« à côté ». Il y a la ville, la grande, la belle. Celle des différents pouvoirs. Puis, à côté, Trélazé fait figure de vilain petit canard, avec ses anciennes activités broyant de la main d’œuvre. Oh, je ne me fais pas de souci, la commune agit de façon à redorer son blason. Qui la blâmerait ? Elle cherche à faire disparaître cette image d’une commune d’ouvriers, tout en s’appuyant paradoxalement sur ce qui est devenu la légende des ardoisières et des allumettes.
Je soupçonne les gens de Trélazé de bien aimer cette spécificité. Ce ne sont pas les gens de la ville, eux. Leurs grands-pères, leurs pères ont travaillé de leurs mains et de leur sueur. Cela fait partie de leur identité… Un peu frondeur ?
Le Trélazéen, que j’essaye de faire parler, a un sourire que contient à peine un rictus qui en dit long sur ses façons de penser, et de louvoyer quand ça l’arrange…

Trélazé, tout en étant, cette banlieue qui grandit en relation avec l’exploitation de ressources naturelles, devait être pendant longtemps un village-rue, prolongation d’une des sorties de la ville. Elle en garde la trace dans son urbanisme. A cela est venue s’ajouter la rocade qui fait rupture, qui fait frontière. Trélazé, c’est à la fois la commune d’ « à-côté », et celle de l’ « au-delà »…
Le Trélazéen, qui rigole, là, devant moi, se tient toujours en recul, un pas de côté.

L’une des premières histoires que j’ai lue sur Trélazé concernait la société secrète de la Marianne. Partisans d’une République démocratique et social, ses membres fomentèrent une insurrection folle, épique, héroïque et désespérée contre le régime bonapartiste de Napoléon III. Les carriers se lancèrent à l’assaut de la ville. De cet événement, on a dû souvent parler à Trélazé. Je l’imagine comme une profonde blessure que l’on a ensuite parée d’exaltations romantiques.
Trélazé, c’est forcément une certaine couleur politique, du noir au rouge, par tradition.
Le Trélazéen, que je côtoie, est souvent habillé de cuir noir. Mais il ne dit rien de ses convictions politiques.

Tout cela explique sans doute que, des communes environnantes, c’est l’une des rares, dans laquelle les habitants revendiquent aussi fièrement leur appartenance. Etre de Trélazé, ce n’est pas rien. Sans doute parce que Trélazé s’est constituée, couche après couche d’une population immigrée qui devait se construire à nouveau une identité et se refaire une fierté. Alors que les ardoisiers prélevaient la terre par strates, on peut avoir l’impression que le sol de Trélazé s’est comblé par couches d’immigrations, au fur et à mesure du temps.
Celui qui m’a le mieux parlé de Trélazé, avec un pétillement dans les yeux, il n’habite plus la commune. Mais il en est originaire. Il y a passé son enfance et son adolescence. Son père y était cafetier. Il raconte avec émotion les gens de Trélazé. Il pourrait d’ailleurs peut-être les peindre…
Et quoi qu’il fasse, je vois bien qu’il sera toujours de Trélazé.

Texte Stéphane LEBRETON